Comme le rappelait Merrill (1972)[1] :
« Chaque fois que dans le but de favoriser un apprentissage, nous enseignons
en utilisant un environnement artificiellement aménagé, nous manipulons les
variables de la tâche. »
L’expérience de Famose et du virage à ski (1979) [2]
illustre bien la variété des consignes en pédagogie motrice :
« Deux groupes
de jeunes enfants, âgés de 4 à 5 ans, sont constitués pour apprendre le virage
à ski :
-
Un groupe
est instruit de la façon de procéder avec démonstration
-
Le deuxième
groupe doit suivre un ligne bleue tracée sur la neige sans instruction ni démonstration.
La tâche proposée : suivre une trace de couleur dessinée sur la neige à l'aide
d'un colorant bleu. Cette trace matérialise la trajectoire des virages à réaliser.
La consigne qui leur est donnée est de suivre cette trace sans s'en écarter.
Aucune instruction quant à la manière d'y parvenir ne leur est prescrite.
C’est le deuxième groupe qui obtient les meilleurs résultats à la fin de
la semaine. « La première solution
que les enfants apportent à ce problème est de suivre la trace de couleur en
pas tournants. Cette réponse est quasi générale. L'enfant, dans un premier temps,
résout donc de cette manière le problème qui lui est posé. Mais contrairement à
ce qui est affirmé par les théories traditionnelles, il ne va pas renforcer la
trace, le sillon, ou les règles permettant de générer les paramètres de ces
mouvements réussis. Très rapidement, sans qu'on le lui enseigne, il va changer
complètement son comportement moteur et produire une nouvelle solution motrice.
Désormais, son virage va être déclenché et conduit par un léger pivotement
simultané des deux skis. Il est remarquable que tous les enfants modifient
leurs premières solutions dans le même sens.
Cette observation permet de constater
l'existence de discontinuités dans l'apprentissage moteur.
Cela laisse supposer que les habiletés motrices, au cours de leur acquisition,
se réalisent en utilisant des configurations de mouvement qualitativement
différentes. L'apprentissage en situation complexe semble donc impliquer à
certains moments une réorganisation qualitative du comportement. L'acquisition n'est pas simplement un processus
qualitatif qui se déroule de manière continue et linéaire en fonction de la pratique
mais aussi, et peut-être surtout, un processus discontinu, qualitatif ».
L’expérience de Famose montre que l’apprenant apprend plus vite s’il
apprend en groupe en imitant des néophytes qui cherchent, communiquent et se regardent
plutôt qu’en regardant ou en écoutant un expert.
Cela redéfinit totalement le rôle de l’enseignant ou du rééducateur du
mouvement.
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L’aménagement matériel du milieu fait référence aux théories socio-constructivistes : un apprentissage collectif soutenu par l’adulte. Il est défini par Famose comme la « modification du milieu physique dans lequel se déroule la tâche par une construction matérielle (modification d'éléments matériels, apports de nouveaux éléments) visant à induire un type de comportement et tendant à concrétiser toutes ou parties des phases du geste, avant, au cours et à la fin de l'action du sujet. »
[1] Merrill, M. D. (1972).
Psychomotor taxonomies, classifications, and instructional theory. Readings in motor learning. Philadelphia:
Lea and Febiger.
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