dimanche 14 juin 2009

La fonction, l'esthétique et le chirurgien


Il y a plusieurs types d'opération mécaniques:

- sur les os: ostéotomie. Exemple : On découpe une tranche de fémur pour réorienter la tête fémorale. - sur les tendons allongement tendineux type green : le chirurgien rallonge le tendon. Le segment est immobilisé 6 semaines sous plâtre et attelles le temps de reconstituer le tissu conjonctif. Le temps d'immobilisation est très douloureux et peut entraîner des régressions. Cette intervention est à utiliser lorsque l'amplitude fonctionnelle est perdue. Elle enlève du rendement musculaire puisque le rapport muscle (moteur) tendon se trouve modifié puisque le tendon est plus long.

- désinsertion du muscle: on détache le muscle de l'os et il se raccroche seul un peu plus bas Cette intervention enlève du rendement musculaire puisque, désormais le muscle anciennement polyarticulaire ne croise plus qu'une articulation (Exemple: les jumeaux naturellement arrimés au fémur, ne croisent plus le genou à l'arrière et s'arriment sur les coques condyliennes)

- transplantation tendineuse: exemple: on divise l'insertion basse du tibial antérieur et on arrime la partie externe sur le cuboïde. Ainsi l'action "releveur" du Tibial Antérieur sera dans l'axe du pied.

Il y a une intervention neurologique: mais elle ne rend pas la commande, elle détruit le fuseau neuro musculaire du muscle afin de diminuer l'action de la spasticité. Il y aura là aussi baisse de rendement musculaire.

1er exemple: le chirurgien m'a dit que je marcherai "normalement". Deux jeunes filles diplégiques (marche autonome en ville, 5 km/h) l'une avec canne, l'autre sans canne, me racontent la même histoire. Les deux en"veulent" chacune à son chirurgien (deux chirurgiens différents) qui leur ont "menti". On peut penser que lorsque le chirurgien a dit "vous marcherez normalement", il parlait de la marche fonctionnelle, de l'autonomie en ville qui est acquise pour les deux dans le périmètre et dans la vitesse. Mais ce que les deux avaient "entendu" c'est ce qu'elles traduisaient par "normalement": je ne vais plus boiter or je marche toujours comme une diplégique en raclant le sol avec la pointe de pieds. L'une des deux cherchait même un chirurgien (qu'elle aurait fini par trouver) pour reprendre l'opération. Il a fallu que je lui écrive "aucun chirurgien au monde ne peut te rendre les neurones des releveurs de pieds qui ne fonctionnent pas. Aucune opération au monde n'est capable de te permettre de relever activement le pied lors du temps pendulaire. Tant qu'on ne saura pas faire pousser les neurones des releveurs de pieds, tu marcheras comme une diplégique mais ta marche est esthétique et fonctionnelle".

2ème exemple: dilemme: marcher déforme les pieds. M a une diparésie. Les parents de M: il ne faut pas faire trop marcher M sinon ses pieds, mal verrouillés à cause de la parésie) vont se déformer. le kiné: on a le choix entre: - ne pas apprendre à M à marcher pour ne pas déformer ses pieds. Mais ses pieds se déformeront car ils s'adapteront à la non marche. - ou apprendre à M à marcher et donc accepter que les pieds s'adaptent à la marche ("pieds plats") puisqu'il n'y pas assez de muscles innervés pour verrouiller le tarse et les métatarses.

3ème exemple: l'intervention préventive: La déformation n'est pas là, mais "si on ne l'opère pas maintenant, plus tard ce sera pire". 1) le pire n'est jamais sûr. 2) En attendant le pire, il y a la surveillance pendant la croissance et l'apprentissage de l'auto posture. En kinésithérapie, les promesses négatives sont les plus faciles à tenir. Attendons que la malformation diminue la fonction pour intervenir.

Conclusion: Il faut mesurer les indications d'une opération. Une opération est une prise de risque, elle doit être suivie d'un gain fonctionnel ou d'un gain de rééducation. Trop d'enfants IMC perdent la capacité de courir à cause d'une intervention visant à améliorer l'esthétique (fantasmée) de la marche. Le chirurgien est content car l'enfant "marche mieux" et oublie qu'avant il pouvait jouer au foot avec ses copains. Dans un bilan, il y a l'"observé, le relaté et le mesuré".-E. Viel le diagnostic kinésithérapique- Masson- les kinésithérapeutes sont très attachés au "mesuré"(durée d'un équilibre, vitesse de marche au périmètre), attention, certains chirurgiens sont plus attachés à l'"observé" et au "relaté" (plus subjectif)

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